SUR MA ROUTE
Sur ma route le bitume a éclaté
le voilà complètement éventré
mettant à nu ses profondes entrailles
ses profondes entailles béantes de cailloux
et de terre défoncée.
sur ma route un jour je t'ai rencontré
le soleil dardait ses rayons bienfaisants
les vagues venaient carresser mes pieds
ton humour et ta gentillesse ont fait fondre mon coeur,
et je n'ai pu que laisser tes bras m'entourer.
sur ma route j'ai croisé une montagne
douce et vallonnée
puis peu à peu de plus en plus escarpée.
J'ai cherché les cols au fil des jours
ne pouvant plus revenir sur mes pas
j'étais désormais perdue
dans le tourment de la vie maritale,familiale
sac à dos et pataugas d'antant déchirés
déchiquetés depuis longtemps dans la benne
du simple quotidien bien pollué
sur ma route, il n'y avait plus de sourires
ni de main tendue entre falaise et ravin
je naviguais ta silhouette loin derrière ou devant
m'exhortait à attendre ou courir
selon tes propres voeux ,tes humeurs
tes peurs ou capricieuses envies,jalousies
sur ma route ont brillé de merveilleux joyaux:
nos enfants, grandissant jour après jour
gambadant et se racontant les lutins rencontrés,
inventés sortant de la mine explosée
lors de nos promenades partagées...
sur ma route a jailli la folie
la violence et les cris
l'incompréhension et le noir total
je n'ai plus rien compris
à ce présent infernal si dément
Tôle froissée,douleur ingérable
je n'ai plus souhaité continuer
et bras en croix m'y suis allongée.
sur ma route par une nuit froide étoilée
j'ai choisi de mourir,de tout arrêter.
Secouristes,hôpital,pompiers
j'ignore qui est venu me chercher
j'étais bien trop loin,totalement disloquée.
sur ma route il a fallu réapprendre à respirer
juste reprendre de l'air et ne plus suffoquer
sous oxygène ouvrir les yeux et regarder
cette longue bande d'horreur qui s'était invitée
chercher à comprendre l'indicible
cet amour que je croyais limpide
et qui s'était avéré bien trop compliqué
A vouloir juste être à tes côtés,
mettre mes pas dans tes pas,mon ombre dans la tienne
j'ai failli en glisser de l'autre côté
entrainée dans des méandres insensés.
sur ma route largement entamée
je progresse à nouveau seule
pas à pas comme aux premiers jours
de cette petite enfance lointaine
où la main de ma mère s'est dérobée
et je tombais sans cesse,
apprenant par là même à me relever.
Ah, ces espadrilles sur le parquet trop bien ciré!
Sur ma route les sanglots sont coincés
pfofondément enfouis dans les bas-côtés.
L'heure et la direction n'ont plus d'importance
car j'ai compris qu'on ne peut que se tromper
tant et plus croyant sincèrement trop bien faire
alors maintenant je me laisse guider
je trébuche, je m'arrête,relève la tête
lève bien haut les pieds emmitouflés
un jour après l'autre j'attrappe ce qui se présente
sans plus jamais emprunter le bitume éventré
l'autoroute de la foule anonyme trop pressée
les sentiers par les autres de noir et de sang balisés
Sur ma route je tâtonne en silence
je capte les signes de bienveillante amitié
je souris aux inconnus rencontrés
je tente d'oublier les sévices et de pardonner
sans pour autant excuser la méchanceté
volontairement distillée.
Sur ma route je traque le plus joli des sentiers
celui qui me permettra d'encore avancer
croiser les éphémères papillons colorés
fouler l'herbe tendre sans la faucher
et donner sens aux mots écrits, lus, partagés
aux regards francs,patients, tendres et carressants
qui comprennent parfois par où je suis passée.
et m'aident à me reconstruire et cicatriser.
Ma quête du bonheur et de la sagesse retrouvée...